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De l'épuisement au burn-out scolaire

Newsletter Octobre 2022


La rentrée est faite depuis plusieurs semaines déjà.

La routine habituelle a repris ses droits sur notre quotidien avec son lot de pressions : une nouvelle année à l’école, parfois un nouvel établissement scolaire, des examens à venir, des choix d’orientation à faire dans quelques mois…

On croyait avoir repris des forces pendant l’été, et puis pour certains la fatigue et le stress réapparaissent. Parfois la fatigue est telle qu’il n’est plus possible de répondre aux exigences de l’école, et parfois même plus largement, aux exigences de la vie : on est épuisé.

L’épuisement fait partie des signes du phénomène de Burn-out scolaire1, qui est le pendant, pour les enfants et jeunes, du burn-out professionnel.

Comment peut-on reconnaitre le burn-out scolaire ?

Trois signes peuvent nous y aider :

  1. Un état d’épuisement physique et moral

  2. Un cynisme envers l’école, cela renvoie « à une attitude détachée ou indifférente face à l’école en général, avec une perte d’intérêt pour le travail scolaire et une incapacité à y donner du sens »

  3. Des signes de dépersonnalisation2, c’est-à-dire le sentiment d’être « à côté » de soi, complètement détaché de ses ressentis.

Les conséquences du burn-out des jeunes ne se limitent pas à leurs parcours scolaires. Dans une majorité de ces situations, le jeune qui ne va plus du tout ou par intermittence à l’école, se retrouve isolé, ne voit plus ses amis, parfois arrête ses activités et sorties…, et peut se sentir parfois mis au banc de la société. Dans ces situations, la pression, le stress et l'inquiétude se font de plus en plus sentir, chez les jeunes et aussi leur entourage avec en première ligne les parents.

Une société qui exacerbe le phénomène par une culture de la performance, une culture de la réussite dans toutes les dimensions de la vie : qu’il s’agisse de notre vie professionnelle (quête permanente d’un métier-idéal…), de notre vie amoureuse (injonctions autour des modèles amoureux), de notre vie sociale (vacances de rêves, multi-loisirs…), de notre vie personnelle (recherche d’un épanouissement éternel), de notre vie matérielle (notre relation identitaire aux objets) . La liste est longue… Tout cela, avec en toile de fond, une idée qui persiste : si je le veux suffisamment fort, je peux le faire. Si je veux, je peux.

Est-ce que tout est possible avec la seule volonté ?

La volonté serait-elle le seul moteur de la motivation ?

Comment, alors, ne pas de sentir sous pression ?

Depuis deux ans, Chloé Sperduto, psychologue doctorante, a engagé un travail de recherche au sein de l’Académie des Projets de Vie et en partenariat avec l’Université de Nanterre. Cette étude interroge la place de l’épuisement scolaire dans le processus de décrochage et de raccrochage scolaire.

Les premières analyses de la recherche menée en 2021 auprès d’adolescents en situation de décrochage scolaire (dont les jeunes inscrits sur la formation Année éthique à l’APV) montrent que l’épuisement scolaire semble être une variable participant au processus de décrochage scolaire puisque les élèves témoignent d’un épuisement fort au moment du décrochage. Cet épuisement tend à diminuer à l’entrée dans un dispositif de raccrochage sans pour autant disparaître. Les futures analyses permettront de mieux comprendre de quelle manière l’épuisement scolaire participe ou contribue au décrochage scolaire et à l’apparition de maux qui altèrent la qualité de vie des adolescents3.

Face à cet état d’épuisement qui amène à des conduites d’évitement et une forme de repli sur soi, une des clés qui fait partie de la pédagogie de la libre motivation c’est la réduction des exigences et des attentes sous forme d’objectifs de résultat. C’est dans le cadre de cette démarche que l’APV accompagne des jeunes depuis plus de 18 ans. Concrètement, qu'est-ce que ça implique de réduire les exigences ? Cela pourrait revenir à dire qu’il est nécessaire de ne rien faire pour se reposer. Toutefois, certains expérimentent que le repos n’est pas le moyen unique du retour de l’énergie et de la motivation. Si, réduire les exigences et les attentes ce n’est pas ne rien faire, à quoi cela peut-il ressembler?

  • C’est prendre le temps de remettre en place une routine, une structure qui me permette de retrouver des forces, de gagner en ressources (contrairement à un quotidien qui m’amène en permanence à piocher dans mes réserves)


  • C’est aussi mener des projets, mais sans objectif de résultat. L’anxiété et la créativité sont intimement liées. C’est donc apprendre à donner vie à mon imagination, à créer, co-créer, en traversant et acceptant les émotions.


  • C’est également avoir un lieu, et du temps pour questionner le sens que je donne à mes projets et aux choix que je veux faire pour ma vie, sans que ces derniers ne soient uniquement liés à l’avenir scolaire ou professionnel. Pour ne plus subir et retrouver de la motivation pour mes projets.


De quoi avez-vous besoin pour faire face à la fatigue,

à la pression et vous sentir bien ? Connaissez-vous les situations qui vous ressourcent vraiment ?


1-Le Burn-out scolaire est un stress scolaire chronique chez les élèves fortement engagés mais qui par perte de contrôle ne font plus face aux exigences et attentes de l’institution scolaire (Salmela-Aro, Savolainen et Holopainen, 2009). 2-Renvoie à une attitude détachée ou indifférente face à l’école en général, avec une perte d’intérêt pour le travail scolaire et une incapacité à y donner du sens (Oger et al., 2021) 3-Lire sur le sujet : Épuisement scolaire et qualité de vie, chimère ou réalité ? Oger et al., (2021)


RESSOURCES:

Une vidéo qui mélange documentaire et fiction autour de l’anxiété, phénomène biologique qui nous touche tous, mais pas de la même manière. Il nous explique en quoi notre culture moderne exacerbe l’anxiété et les failles qui persistent (absence d'éducation émotionnelle, d'éducation à l’imagination…). Il nous rappelle aussi l’impact des réseaux sociaux, en particulier sur la santé mentale des jeunes adultes. Pour finir, il met en évidence que l’anxiété est aussi le moteur de la créativité, en conclusion: « Il n’y aurait jamais d’anxiété dans un Monde sans possibilité ».


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